Module "Street ART(s). Arts urbains d’hier et d’aujourd’hui"

, par Morgane THRO

 

Le module "Street ART(s). Arts urbains d’hier et d’aujourd’hui" est une nouveauté de l’année universitaire 2025-2026 au Département ARTS de l’ENS, car une chaire d’enseignement spécialement dédiée à cet art a été ouverte.
Vous trouverez dans cette rubrique tous les cours qui font partie de ce module.

Principal investigator (PI) et coordinatrice : Eline Grignard eline.grignard@ens.psl.eu

 

Semestre 1

 

CINEMA :

Cinégénie des villes : Filmer Marseille, filmer à Marseille

Françoise Zamour
LUNDI 15H-18H
Salle Weil

De Jean Renoir à William Friedkin, de Marcel Pagnol à Cedric Gimenez, Marseille a fourni à de nombreux réalisateurs le décor d’une séquence, d’un scénario, ou de toute une saga. Quel portrait sensible de Marseille se dégage de ces multiples images de cinéma ? quelle sociologie est privilégiée, selon les périodes de l’Histoire et de l’histoire du cinéma ? Comment se succèdent à l’écran, ou se superposent, les multiples paysages d’une ville ?

  

HISTOIRE DE L’ART :

Graffitis : histoires d’art urbain

Charlotte Guichard
MARDI 10H30-12H30
Salle des Actes

Né sur la scène new-yorkaise au tournant des années 1980, d’une conscience sociale et politique marquée par la culture afro et latino-américaine, le graffiti s’est imposé rapidement comme un mouvement artistique majeur, le dernier des avant-gardes du XXe siècle.
Ce cours propose une introduction à l’art du graffiti dans son histoire longue : au-delà de la scène new yorkaise, il interrogera le graffiti dans l’histoire de l’art, de l’art urbain et des contestations politiques. Trace sensible et voix fragile, marqué par la dissidence voire l’illégalité, le graffiti s’est imposé aujourd’hui sur les cimaises des galeries et des musées, et dans la mode : il est le lieu idéal pour interroger les ambivalences que le monde de l’art entretient avec le capitalisme.

 

Le Paris des photographes (1839-1939)

Olga Lemagnen
LUNDI 13H-15H
Salle Weil

Berceau de la photographie, Paris s’est imposé, tout au long du XIXe siècle et jusqu’à l’entredeux- guerres, comme un motif incontournable et un haut lieu de l’exercice du médium. Des daguerréotypistes pionniers aux photographes des avant-gardes, en passant par les professionnels fin de siècle, nombreux sont ceux qui ont fait de la capitale un atelier à ciel ouvert. Ce séminaire entend retracer un siècle d’histoire de la photographie en prenant Paris non seulement comme décor, mais surtout comme centre névralgique des pratiques photographiques qui s’y sont jouées. Paris sera ainsi appréhendé comme un laboratoire d’expérimentations artistiques et techniques, un lieu de formation, de sociabilités et d’échanges, mais aussi comme un objet de mémoire, étroitement lié à l’histoire urbaine et politique de la capitale. Le séminaire s’articulera autour de plusieurs axes thématiques, tout en accordant une attention particulière à certaines figures majeures telles que Félix Nadar ou Eugène Atget. Il s’ouvrira également à d’autres récits possibles de la photographie, en intégrant des perspectives critiques portant sur les questions de genre, les pratiques marginales ou les approches décentrées. Il comprendra une visite au département des Estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France.

 

MUSIQUE :

Atelier "Promenades sonores urbaines : nouvelles pratiques d’écoute critique"

Capucine Rullière
Les 6 et 7 novembre, 
12h sous forme de deux journées de workshop.
Lieu à préciser.

En lien avec l’émergence de nouveaux courants de pensée environnementalistes, le son a été reconceptualisé dès les années 1970 comme un événement fondamentalement spatial et relationnel, pris dans un réseau complexe d’affects, de savoirs et de pratiques culturelles d’écoute et d’expression. Les enregistrements de terrain (field recordings) et les promenades sonores (soundwalks) se sont développées comme des pratiques de recherche-création importantes dans des champs aussi divers que l’éco-critique, les études urbaines et culturelles ou l’ethno-musicologie. Ces performances sonores disposent d’un potentiel politique dont les enjeux et les limites continuent d’être explorés aujourd’hui.
Dans cette perspective, cet atelier théorique et pratique invite les étudiant.e.s à se familiariser avec l’écoute de leur environnement urbain afin de faire l’expérience des constructions politiques et historiques qui le structurent. À travers la discussion de textes théoriques et d’œuvres d’art sonore, les étudiant.e.s seront amené.e.s à redéfinir collectivement les concepts de son, d’écoute ou encore d’environnement sonore. Ensuite, en petits groupes, les participant.e.s seront invité.e.s à performer et enregistrer une promenade sonore dans un lieu parisien. L’atelier sera ainsi l’occasion d’apprendre à utiliser du matériel de prise de son et à se familiariser avec diverses pratiques d’écoute, d’enregistrement et de montage audio.

 

Semestre 2

 

CINEMA :

La Nouvelle Vague et la culture urbaine

Antoine de Baecque
VENDREDI 10H30-12H30
Salle Camille Marbo

Mouvement de cinéma essentiellement urbain, la Nouvelle Vague a replacé la ville au centre de ses intérêts, tant esthétique, technologique, économique, sociologique ou politique. La rue a été une forme de « manifeste » pour les cinéastes de la Nouvelle Vague : le in situ de leur revendication, qui tranchait avec le cinéma de studio et qui offrait un cadre d’observation, d’expérimentation, et d’action : filmer la jeunesse dans son contexte, qu’il soit politique ou consumériste. Très vite, ainsi, la Nouvelle Vague apparaît comme un nouvel « acteur de la ville », organisme urbain alors en pleine mutation, pour en dénoncer les travers comme pour en remodeler l’imaginaire.

 

Filmer les marges : la ville dans le cinéma documentaire

Liana Valken
JEUDI 18H-20H
Salle Weil

Ce cours interroge l’image de la ville dans le cinéma documentaire à travers la représentaIon de ses marges, entendues comme périphéries spaIales, mais aussi sociales et symboliques. A parIr du texte de bell hooks « Choosing the margin as a space of radical openness », nous interrogerons le concept de marge non seulement comme lieu d’exclusion et de violence, mais aussi comme espace de créaIon et de résistance. Le cours alternera le visionnage et l’analyse de films documentaires, et des temps d’atelier où les élèves seront amenés à réaliser une enquête documentaire, sous forme de texte, photo ou court-métrage, autour de la noIon de marges urbaines.

 

- Atelier de création documentaire : "Filmer la zone"

Dominique Marchais
Fréquence : janvier à avril 2026 (modalités à préciser : séances préparatoires, puis semaine intensive du 2 au 6 mars, puis restitution des travaux en avril 2026).

Nous travaillerons sur la notion de « zone », d’abord, pendant quelques séances, sous la forme d’une réflexion collective sur la notion puis sous la forme d’un travail de création documentaire qui s’appliquera sur des zones en particulier. En quoi la zone se distingue-t-elle du lieu ? Qu’est-ce qui explique la prolifération contemporaine des zones ? On en fera un inventaire le plus complet possible mais notons déjà les ZAD (zone d’aménagement différé) et les ZAD (zone à défendre), les zones Natura 2000 et les Znief, les zones franches, les fan zones, les zones humides et la zone critique. La Zone fut ainsi pendant plusieurs décennies l’espace de part et d’autre des fortifications de Thiers bâties dans les années 1840 et détruite à partir 1919. Sans nous restreindre à l’emprise de cette ancienne zone, c’est bien sur un espace périphérique que nous travaillerons, en l’occurrence celui de l’est parisien, en nous questionnant sur les métamorphoses et les perdurances de cette Zone à l’échelle du Grand Paris. De l’archéologie urbaine (travail sur les traces), à celui de la prospective territoriale, l’arc de recherche est vaste. Les terrains pourraient être la Corniche des forts à Romainville (déjà travaillée dans cet atelier en 2023) ou les murs à pêche à Montreuil – entre autres. Film documentaire, documentaire sonore ou photographique, textes ou travaux plastiques : les formes sont libres du moment qu’elles travaillent la forme documentaire, qu’elles soient le produit d’une rencontre avec un terrain et qu’elles témoignent du désir de partager une expérience et une compréhension de ce terrain. Chaque groupe devra aussi se confronter, avec ses moyens propres, à la pratique de l’entretien.

 

HISTOIRE DE L’ART :

La photographie de rue contemporaine. Enjeux historiques, théoriques et pratiques

Hélène Desy
Horaire à déterminer.
Salle à déterminer.

Ce cours réalisera un panorama des pratiques de la photographie de rue contemporaine dans un contexte international. Nous reviendrons sur les figures fondatrices de la première moitié et du milieu du XXe siècle (Helen Levitt, Harry Callahan, Garry Winogrand, entre autres), afin de situer historiquement les fondements théoriques, techniques et formels de ces pratiques photographiques, et nous concentrer dans un second temps, sur les détournements opérés par les créations plus récentes (Jeff Wall, Philip-Lorca Dicorcia, ...). Les grandes thématiques de la photographie de rue seront identifiées (le portrait de rue, les marges, l’ordinaire, l’intime dans l’espace urbain, l’archive, la surveillance et les contre-visibilités) et analysées au regard des contextes historiques, géographiques et culturels qui traversent le corpus envisagé. Une attention particulière sera accordée à l’interrogation des modes de sociabilité et des implications éthiques, esthétiques et opérationnelles qu’engendrent les photographes lorsqu’ils choisissent de s’inscrire dans l’espace public.