2020-2021

, par Morgane THRO

Edwige GBOUABLÉ

 

Edwige Gbouablé est maître de conférences en études théâtrales à l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan (Côte d’Ivoire). Membre du SeFeA, le laboratoire des Scènes Francophones et Écritures de l’Altérité (SeFeA) de l’Institut d’Études Théatrales de Paris 3, elle est également membre fondateur du laboratoire ARTS à l’Université Félix Houphouët- Boigny. Elle est l’auteur de nombreux articles sur les dramaturgies africaines contemporaines, qu’il s’agisse du théâtre de Kossi Efoui, de William Sassine, de Koffi Kwahulé, de José Pliya, ou des auteures femmes dramatiques. Elle a en particulier collaboré au double numéro d’Africultures sur les Théâtres d’Afrique au féminin paru en 2015.
 
Deux conférences, données les 9 novembre et 14 décembre, et un séminaire donné le 16 novembre.
 
 
THÈME GÉNÉRAL : DES DÉFIS MAJEURS DU THÉÂTRE MODERNE EN
AFRIQUE NOIRE FRANCOPHONE
 
 
Le théâtre moderne en Afrique noire francophone est né dans les années 1930 dans un contexte d’affrontement, d’assujettissement culturel et politique. Du fait de cette histoire particulière, ce théâtre connaît dès sa naissance une crise identitaire. Il est appelé théâtre négro-africain alors que ses schémas esthétiques sont occidentaux, français. Au-delà de cette problématique identitaire originelle, le théâtre moderne connaît d’autres problèmes liés à ses
rapports avec les traditions africaines, à la formation des acteurs, aux infrastructures ainsi qu’aux financements. De ces difficultés découlent les défis majeurs suivants :
- Transcender la problématique de l’identité
- S’approprier les canons esthétiques du théâtre moderne à partir de créations singulières
- former qualitativement les acteurs, financer les créations et développer les infrastructures.
 
Ces défis feront l’objet de deux conférences intitulées :
1 ère conférence : Théâtre moderne en Afrique noire francophone : assimilation-enracinement- déracinement
2 ème conférence : Théâtre moderne en Afrique noire francophone : formation- financement et
développement des infrastructures.
 
Dans la première conférence, le défi est d’éviter le piège de la polémique identitaire qui noie l’effort de création dans un ethnocentrisme infécond. Il s’agit de dépasser la crise identitaire en créant des esthétiques capables à la fois de dialoguer avec les pratiques traditionnelles africaines et de s’ouvrir à d’autres réalités culturelles. Ce défi prend en compte d’une part, les formes scéniques endogènes telles que la Griotique, le Didiga, le Théâtre-rituel qui connectent le théâtre aux racines africaines ; d’autre part, les créations très récentes produites pour la plupart en Occident, traitant de problématiques universelles tout en gardant une part d’africanité.
 
La deuxième conférence est consacrée à l’économie du théâtre appréhendé comme une activité génératrice de revenus, susceptible de participer pleinement au développement des pays africains. Le défi consiste, ici, à évaluer les politiques africaines de formation, de financement, de production et de diffusion en vue d’une redynamisation des productions dramatiques africaines. Il s’agit également d’aborder l’épineux problème de l’insuffisance des infrastructures (écoles, lieux de spectacle, maisons d’édition, entreprises scénographiques, etc.) ainsi que la nécessité de mettre en place des stratégies pour résorber ce problème.