Conférence de Céline Lafontaine (Pr. à l’Univ. de Montréal) : :"Du readymade aux bio-objets. Le corps globalisé de la bioéconomie"
/BOUCLE_logo_accueil>Conférence de Céline Lafontaine (Pr. à l’Univ. de Montréal)
"Du readymade aux bio-objets. Le corps globalisé de la bioéconomie"
Mardi 2 décembre 2014, ENS, 45 rue d’Ulm, amphi Rataud, 19h-21h
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Lors du Salon de la Locomotion Aérienne se déroulant à Paris, en 1912, Marcel Duchamp qui visitait l’exposition en compagnie de Léger et de Brancusi lance à ces derniers : " La peinture est morte. Qui peut faire mieux que cette hélice ? Seriez-vous capable de faire ça vous-autres ? ». Moins d’un an après avoir annoncé le décès éminent de la peinture, il invente le readymade. Objet industriel élevé au rang d’oeuvre d’art, le readymade témoigne d’une volonté de créer une nouvelle forme d’expression artistique à l’ère de la production sérielle.
À sa façon Duchamp révèlait, avec les readymades, la profondeur de la mutation culturelle opérée par la Révolution Industrielle. Depuis lors, le processus d’industrialisation n’a cessé de s’étendre renversant même, avec les biotechnologies et la culture cellulaire, les frontières du vivant. Désormais ce ne sont plus seulement les objets industriels qui sont produits en série, mais l’ensemble des éléments biologiques qui composent le corps humain (tissues, cellules, ovules, cellules souches…). À mi-chemin entre le biologique et l’artificiel, ces bio-objets transforment la façon de concevoir l’identité corporelle. Leur production technoscientifique s’inscrit dans une logique de standardisation et d’appropriation au sein de laquelle les produits du corps humain deviennent des marchandises transitant d’un corps à l’autre au sein du marché globalisé de la bioéconomie.
Céline Lafontaine est Professeure de Sociologie à l’université de Montréal. Ses recherches portent sur les aspects sociaux, culturels et symboliques des technosciences. Après de premiers travaux en histoire et sociologie de l’art, sa thèse sur la cybernétique et le paradigme informationnel l’a conduite à s’intéresser au développement des nouvelles technologies de l’information et des biotechnologies. Ses études traitent à la fois des questions d’ordre épistémologique, culturel, social et éthique. En plus de mener un programme de recherche sur l’imaginaire des nanotechnologies, elle oriente actuellement ses travaux dans le domaine des avancées biomédicales, plus précisément sur les enjeux sociaux de la médecine régénératrice et de la nanomédecine.
Conférence organisée par Béatrice Joyeux-Prunel, MCF en histoire de l’art contemporain à l’ENS.