MÉDÉE - les 15 et 16 mars à 20H et le 17 mars à 18H

, par Morgane THRO

 MÉDÉE
Une adaptation du texte d’Euripide
dans la traduction de Florence Dupont
Avec des textes de Jean Anouilh et de Heiner Müller

 Vendredi 15 mars et samedi 16 mars à 20h
 Dimanche 17 mars à 18h
 
 
Durée 1h40
 
Mise en scène Deborah Lucas et Lélia Sibony
Avec Gabrielle Génin, Deborah Lucas, Florine Masson, Achille Morin, Sophia Nérard, Alfred Poirier et Elsa Provansal
Scénographie Sacha Berthelemy
Création lumières et régie lumière Eli Barthome et Léa Guyon
Création plastique Lou Geyer
Création sonore et régie son Kahina Hammoudi

"Il n’y aura pas d’autre Médée, jamais, sur cette terre. Les mères n’appelleront jamais plus les filles de ce nom. Tu seras seule, jusqu’au bout des temps, comme en cette minute.(Jean Anouilh, Médée, 1946)

Voilà le destin réservé à Médée, dont le nom est resté celui de l’infanticide, de la sorcière, du monstre. Partie de Colchide pour suivre Jason — par amour, ou peut-être pour accomplir le destin héroïque auquel elle se sait destinée —, Médée a trahi un père et tué un frère pour protéger son amant et servir ses ambitions.
Une fois à Corinthe, ce n’est pas un destin d’héroïne qui l’attend mais un quotidien de mère et d’étrangère en terre grecque. Le piège se referme le jour où Jason décide d’épouser la fille de Créon et se voit promis le royaume de Corinthe. Médée, la femme barbare, est aussitôt répudiée.
Mais elle n’a pas appris à taire sa douleur. Si la colère glorieuse d’un Achille lui est déniée, la trahison, le chagrin et la rage seront ses armes pour reprendre le pouvoir et devenir Médée. Parce qu’elle ne peut s’accomplir par une violence glorieuse qui n’est pas de son sexe, Médée tente un geste radical de réappropriation d’elle-même et de son histoire. À quel moment la douleur et la colère légitimes basculent-elles dans la vengeance sanglante, lorsqu’aucune autre justice ne prévaut ? Dire le nom de Médée, c’est faire entendre les voix d’une horde de femmes exilées, violentées, dépossédées. Exil d’une terre à laquelle elle s’est arrachée, exil d’un corps à jamais lié à celui de Jason. C’est l’histoire d’une solitude qui s’embrase lorsque le dernier asile, l’homme aimé, dévoile sa lâcheté. L’histoire d’une solitude qui dévaste tout pour continuer à exister, à être Médée, à la frontière de l’humanité.