Projet porté par Grégory Chatonski, Béatrice Joyeux-Prunel, Francis Haselden, Clémence Hallé* et d’autres doctorant.e.s SACRe
Les 8 et 9 avril 2019 à l’ENS Paris
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L’anthropocène s’impose chaque jour avec une urgence plus aiguë qui ouvre un précipice, tant l’inaction semble grande. Cet effondrement offre la possibilité d’un tournant. Répondre à la question « Que faire ? », c’est aussi se demander : « Comment penser ? » et « Comment imaginer ? »
The anthropocene is imposing itself every day with a more acute urgency that opens a precipice, so great seems the inaction. This collapse
offers the possibility of a turning point. Answering the question “What should we do ?” also means asking ourselves “How should we think ?”
Si nous avons du mal à penser, comprendre et représenter l’anthropocène, c’est sans doute que nous manquons d’outils pour imaginer les hyper-objets, ces entités climatiques, géologiques, économiques, technologiques d’une étendue telle qu’elles mettent en faillite notre capacité à les percevoir. C’est aussi que s’y téléscopent des dimensions temporelles brèves et immenses. Il nous manque d’imaginer concrètement les causalités complexes à l’oeuvre dans la logistique entre production, distribution et consommation, pour sortir de la dissonance cognitive qui caractérise, sinon le déni de l’urgence écologique, au moins notre inaction collective. A partir de l’hypothèse d’un effondrement de l’infrastructure informatique, et donc d’un après-digital, ce colloque a pour objet de suspendre l’occupation du monde. Il s’agit de forcer la réflexion et l’imagination sur l’après, tant l’ordinateur s’est infiltré partout. Il s’agira de mettre en perspective historique l’imaginaire qui a nourri l’anthropocène, cette ère de la Terre définie par l’impact prédateur de l’humanité. Comprendre les racines de la mobilisation du monde, dont le digital fait partie, c’est peut-être commencer à de ne pas reproduire, dans les « solutions » à la crise écologique contemporaine, les causes de ce à quoi on voudrait échapper. Cet imaginaire, source ambivalente de l’anthropocène, doit être décrit. Notre hypothèse est qu’il se situe au croisement des sciences, des récits mythiques et des images que nous nous faisons du monde et de la technique. A travers le dialogue entre artistes et théoriciens, on articulera ce contexte historique avec des oeuvres contemporaines. Ces dernières produisent des images et des gestes inextricablement matériels et cognitifs ; par là même elles nous aident à penser. Comment les représentations artistiques informent-elles la crise actuelle ? Et quel est le rôle critique et pratique de l’imagination dans le moment historique qui semble s’ouvrir, où la question de l’après relève inextricablement du possible et de l’impossible ?
If we have difficulty thinking, understanding and representing the anthropocene, it is probably because we lack the tools to imagine hyper-objects, – those climatic, geological, economic and technological entities of such a scope that they bankrupt our ability to perceive them. It is also the place where short and immense temporal dimensions are telescoped. We lack the ability to imagine in concrete terms the complex causalities at work in the logistical relation between production, distribution and consumption. We lack the imagination to overcome the cognitive dissonance that characterizes, if not the denial of ecological urgency, at least our collective inaction. Based on the hypothesis of a collapse of the IT infrastructure,
and so, of a post-digital collapse, this symposium aims at suspending the occupation of the world. Given the omnipresence of computers, we want to provoke reflection to imagine what comes after. We seek to put into historical perspective the imagination that nourished the anthropocene, this era of the Earth defined by the predatory impact of humanity. Understanding the roots of the mobilization of the world, of which the digital is a part, may mean not reproducing the causes of that which we want to escape in so-called “solutions” to the contemporary ecological crisis. This imaginary, the ambivalent source of the anthropocene, should be described. Our hypothesis is that it is at the crossroads of our science, mythical narratives and images of the world and technology. Through dialogue between artists and theorists, this historical context will be articulated with contemporary works. They produce images and gestures that are inextricably material and cognitive ; in the process, they help us think. How do artistic representations inform the current crisis ? And what is the critical and practical role of imagination in the historical moment that seems to be opening up, when the question of what comes after is inextricably linked to the possible and the impossible ?