Journée d’études - Approches croisées de l’action au plateau : 29 novembre 2021
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Approches croisées de l’action au plateau
Lundi 29 novembre 2021
Salle des Actes - ENS 45 rue d’Ulm 75005
Organisation : Daniel Cohen-Séat et Marion Chénetier-Alev
daniel.cohen-seat@ens.fr / marion.chenetier-amev@ens.psl.eu
Il semble assez commun, en suivant les propositions de Stanislavski, de faire de l’action l’essence du travail de l’acteur. Action « organique », action « psycho-physique », action « intentionnelle », action « réelle », autant d’expressions pour signifier que l’acteur fait davantage que proférer le texte ou se mouvoir sous la direction du metteur en scène. Aussi dira-t-on facilement qu’il y a chez cette actrice ou chez cet acteur des actes « véritables » ou « de l’action », pour les distinguer de ceux qui semblent « mécaniques », « désincarnés », ou de ceux qui ne font que « jouer ».
Si l’on essaie toutefois d’identifier l’essence de l’action, et ses conditions de possibilités, il est autrement plus difficile de s’accorder. Les concepts sont nombreux dans la théorie et dans la pratique pour tenter de désigner ce qui fait d’une action une action « véritable » : on demande parfois à l’action qu’elle soit dotée d’une « intention », ou qu’elle corresponde à un « verbe d’action » ; telle autre action est jugée « organique » parce que les « circonstances » de la pièce sont bien « intégrées » ou parce que l’acteur semble « y croire » ; telle encore est estimée « réelle » parce qu’elle s’accompagne d’un acte « physique » bien « approprié », d’ « images mentales » et de « monologues intérieurs ».
« Attention », « émotion », « tension », « désir », « intériorité », « image », « sensation », « forme bien exécutée », « répétition », « lien rétroactif », « présence », « instant », « énergie », « écoute », « liberté », « intention », « circonstances », « objectif », « monologue intérieur »... : autant de notions qui s’efforcent de caractériser à la fois ce qui fait de l’action une action, et les conditions de son émergence. Aucune d’elles pourtant ne semble épuiser la qualité de l’action, ou permettre d’en identifier l’essence. Ainsi l’action « organique » n’est ni son intention, ni sa seule forme physique ou verbale. Elle n’est pas non plus l’émotion qui l’accompagne, ou la bonne maitrise de la prosodie. Elle n’est pas même la réunion des éléments susdits.
Qu’est-ce donc que cette action qui doit être « véritable » et « organique », et comment la distinguer de ce qui n’est pas elle ? Existe-t-il des invariants dans ses conditions de possibilités ? Comment seulement s’assurer que, parmi la variété des « méthodes » de formation et de direction de l’acteur, nous parlons de la même chose sous le nom d’ « action » ? Est-il possible de s’entendre sur une définition de ce terme, de circonscrire un champ commun à une pensée et une pratique de l’action, ou sommes-nous condamnés à l’indicible, à l’impalpable ? Surtout, comment pourrions-nous rendre explicite la pratique de l’action pardelà les systèmes et les méthodes ? Si l’action touche en effet à l’essence du travail de l’acteur, et si toutes les remarques que nous faisons ordinairement en sortant de scène (« je n’étais pas dedans », « j’étais tendu », « je n’écoutais pas ma partenaire », etc.) sont autant de manières de dire « je n’ai pas agi », il en va dans la caractérisation de l’action de notre possibilité de débattre ensemble de la pratique.
Considérant que les notions ci-dessus mentionnées forment un langage « courant » sur l’action dans lequel chacun puise aussi fréquemment qu’intuitivement, c’est le retour réflexif sur ce langage de l’acteur que la journée d’études se propose d’opérer. Pour ce faire, elle parie sur la fécondité d’un dialogue rarement suscité entre praticiens, théoriciens du jeu, historiens et philosophes de l’action, espérant que leurs appréhensions respectives de l’action permettront d’approcher les objectifs de cette recherche collective : élucider les présupposés des méthodes et des outils les plus souvent proposés aux acteurs ; forger des concepts favorisant la compréhension et l’appropriation par les acteurs des moyens comme des enjeux de leur travail ; contribuer ainsi à développer l’autonomie, la responsabilité et la liberté créatrice de l’acteur au plateau.
PROGRAMME
9h Introduction de Daniel Cohen-Séat et Marion Chénetier-Alev
9h15 Stéphane POLIAKOV (Université de Paris 8) Où est l’action chez Stanislavski ?
9h45 Dialogue avec Lionel GONZALEZ
Pause
11h00 Pierre-Henri CASTEL (EHESS) Le défi de la référence à l’acteur de théâtre pour la philosophie de l’action
11h45 Natacha ISAEVA Le soleil noir de l’énergie : d’Antonin Artaud à Anatoli Vassiliev
12h30 Discussion générale Déjeuner
14h30 Table ronde : François MARTHOURET, Dominique PARENT, Marie PAYEN
15h45 Louis DIEUZAYDE (Aix-Marseille Université) L’action de la langue Pause
16h45 Retour d’expérience de Jérôme MÉLA
17h30 Retour d’expérience de Sylvain LEVITTE 18h00 Discussion générale et clôture de la journée